Par Louis Alexandre de Froissard le 15/06/11

Grèce : La SocGen, BNP et CASA sous la pression de Moody’s

Grèce

Moody’s place les trois banques sous surveillance aveci mplication négative. L’agence envisage un cran de moins pour Crédit agricole SA et BNP Paribas, voire deux pour Société générale. Les trois banques dans les plus fortes baisses du CAC 40.

 

Moody’s a accru mercredi la pression sur les banques françaises en menaçant de dégrader les notes de Société générale et BNP Paribas dans l’hypothèse d’une restructuration ou d’un défaut de la dette souveraine grecque.
Les trois établissements bancaires français, qui font partie des banques étrangères les plus exposées à la Grèce, ont été placés sous surveillance avec implication négative par l’agence de notation.
Moody’s dit s’inquiéter de leur exposition à la Grèce par le biais de la détention directe d’obligations souveraines pour BNP Paribas et SocGen ou par le biais de prêts accordés au secteur privé grec pour le Crédit agricole qui détient dans le pays la banque Emporiki .

investisseursA la Bourse de Paris, les valeurs bancaires pèsent sur la tendance et sont parmi les plus fortes baisses de l’indice CAC 40 .
A 11h25, SocGen abandonne 2,2% à 38,91 euros, plus forte baisse du CAC 40. L’action BNP Paribas recule de 1,77% à 51,68 euros et Crédit agricole de 1,7% à 9,98 euros. L’indice sectoriel Stoxx 600 des banques européennes cède 1,37%.
“Tout le monde connaît les expositions à la Grèce, ce n’est pas une surprise”, commente un analyste financier basé à Londres, qui n’a pas souhaité être nommé.
“Ce qui change, ce sont les pertes potentielles pour les banques françaises”, poursuit-il sans estimer que cela puisse se traduire par des besoins d’augmentation de capital pour les banques.
La décision de Moody’s survient au lendemain d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro et de l’Union européenne au cours de laquelle ils ne sont pas parvenus à surmonter leurs divergences sur l’implication du secteur privé dans un deuxième plan de soutien à la Grèce, à dix jours d’un sommet européen décisif. (voir )
“RIEN N’EST CACHÉ”

La Banque centrale européenne a de son côté réaffirmé mardi son opposition à tout scénario de restructuration de la dette grecque qui pourrait être assimilé à un défaut de la Grèce.
“Il ne faut pas agiter les choses. Les banques françaises ont des expositions qui sont, en Grèce, liées à l’économie grecque”, a réagi Laurent Wauquiez, le porte-parole du gouvernement, sur France Info.
“Elles sont parfaitement publiques. Il n’y a absolument rien qui n’est caché.”
Les banques françaises ont d’ailleurs fait savoir qu’elles partageaient l’opinion de la BCE, rappelant s’être engagées l’an dernier auprès du gouvernement français à conserver leur exposition à la Grèce.
Le Crédit agricole est même allé plus loin la semaine dernière en se déclarant favorable à un “rollover” sous condition de la dette grecque.
A l’issue de l’examen opéré pendant la période de surveillance, Moody’s estime que les notes de BNP et de Crédit agricole pourraient être abaissées d’un cran tandis que celle de la SocGen pourrait l’être de deux crans.
L’agence note toutefois que “les profils financiers solides, la taille susbtantielle et la diversification des résultats” des banques concernées sont des éléments pouvant contrebalancer les inquiétudes liées à leur exposition grecque.

MOODY’S SURVEILLE D’AUTRES BANQUES
“Moody’s pourrait prendre dans les prochaines semaines des mesures similaires à l’égard d’autres banques directement exposées à la Grèce, si elle considère que leur notation peut être incompatible avec l’impGrèceact d’un possible défaut ou d’une possible restructuration de la dette grecque”, ajoute encore l’agence.
D’après la Banque des règlements internationaux, les banques allemandes sont les plus exposées à la dette souveraine grecque, à hauteur de 23 milliards d’euros, suivies des banques françaises avec 15 milliards.
Pour Crédit agricole SA, dont l’exposition à la Grèce s’élève à près de 22 milliards d’euros, le risque principal identifié par Moody’s porte sur sa filiale Emporiki et ses prêts accordés au secteur privé.
L’analyse est similaire pour ce qui est de la Société générale, qui a une part majoritaire au capital de la banque grecque Geniki , mais Moody’s souligne que son exposition à la dette grecque, autour de 2,5 milliards d’euros nets au 31 mars dernier, est plus importante.
BNP Paribas n’a pas de filiale en Grèce mais l’agence relève que la banque avait au 31 décembre 2010 une exposition à la dette souveraine grecque de l’ordre de 5 milliards d’euros.
BNP et SocGen ont assuré début mai, lors de la présentation de leurs résultats trimestriels, qu’une restructuration de la dette grecque aurait un impact “limité” sur leurs comptes.

 

 

Article Les Echos du 15/06/2011

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