Les « stress tests » révèlent l’urgence d’une solution à la crise de l’euro

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Les « stress tests » révèlent l’urgence d’une solution à la crise de l’euro

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A défaut de rassurer les marchés, les tests de résistance 2011 des banques européennes montrent qu’il est urgent de trouver une solution à la crise grecque et plus généralement à la crise de l’euro. C’est ce qui ressort des premières réactions, ce week-end, des spécialistes du secteur après la publication des fameux tests censés évaluer la capacité des banques à faire face à un coup de tabac sur l’économie. Les bilans de 90 établissements ont été examinés dans 21 pays. Leur exposition aux dettes souveraines des les pays en difficultés de la zone euro a notamment été détaillée, fournissant une précieuse information au marché.

 

Cependant, même s’ils sont jugés plus rigoureux que ceux de l’an dernier, ces tests ne font ressortir au final qu’une exigence en capital supplémentaire de 2,5 milliards d’euros pour les 8 banques qui ont officiellement échoué. Un montant généralement jugé trop faible pour restaurer la confiance du marché ou même « calmer les nerfs de certains investisseurs obligataires ». « Sans une solution à la crise de la dette souveraine, alors les ?stress tests? ne sont malheureusement qu’un gadget et la clef de la performance du secteur sera un second sauvetage de la Grèce et la clarification de la participation du secteur privé », estiment les analystes de KBW.

 

Appel aux recapitalisations

 

Cette somme de 2,5 milliards n’inclut pas les besoins en capitaux des 16 banques jugées insuffisamment résistantes, c’est-à-dire dont le ratio de solvabilité (« core Tier-1 ») ressort entre 5 % et 6 % après dégradation de l’économie. L’EBA (Autorité bancaire européenne) a en effet plaidé vendredi pour que les banques affichant à la fois un ratio compris dans cette fourchette et une exposition significative à la dette souveraine, se recapitalisent comme si elles avaient échoué aux tests. Ces 16 banques comprennent 7 espagnoles, 2 allemandes, 2 grecques, 1 italienne, 2 portugaises, 1 chypriote et 1 slovène.

 

Les investisseurs pourraient avoir des exigences allant au-delà de ce que dit l’EBA. Les analystes financiers de JP Morgan, par exemple, estiment que l’exposition des  banques à la dette souveraine « n’est pas entièrement prise en considération ».

 

Andrea Enria, le président de l’EBA qui a conduit ces « stress tests », a estimé vendredi soir que la méthodologie retenue pour calculer l’impact d’un éventuel défaut d’une dette souveraine européenne (voir ci-contre) prenait déjà en compte des pertes « considérables, même si elles sont inférieures à ce qui serait ressorti du calcul d’un vrai défaut partiel ?haircut, comme on dit dans la profession». Mais en utilisant toutes les données révélées vendredi, les analystes de JP Morgan se sont livrés à un« test à l’acide » révélateur. En « stressant » vraiment les dettes souveraines dans les bilans des 27 banques qu’ils suivent et en estimant que 7 % est le « core Tier-1 » minimal requis (contre 5 % pris en compte par l’EBA), ils estiment que 20 d’entre elles ne réussissent pas le test de résistance et devraient lever 80 milliards d’euros, dont 25 milliards pour les banques britanniques, 20milliardspour les banques françaises et 14 milliards pour les banques allemandes.

 

Certains analystes estiment justement que les banques tangentes sont celles dont le taux de solvabilité ressort entre 5 % et 7 %, et non pas entre 5 %et 6 %, comme établi par l’EBA. Ainsi les inquiétudes sur la nécessité d’augmentations de capital ne vont pas être toutes dissipées, notait un analyste. Dans cette tranche de 5 % à 7 % se trouvent notamment la Société Générale et l’italien Unicredito.

 

Andrea Enria a estimé que les « stress tests » montraient que les banques européennes étaient dans « une meilleure position » qu’avant et il a fait valoir que le scénario économique pessimiste de l’EBA affectait les banques de 200 milliards par an en 2011 et 2012, soit le même montant que pour l’année 2009 deux fois de suite alors que ce fut une des pires années pour le secteur. Mais il a reconnu également que« la perspective de risque du secteur restait une source d’inquiétude » après avoir noté que la situation s’était récemment dégradée.

 

La réaction du marché ce matin va donc être intéressante même si les professionnels savaient que l’EBA ne pouvait pas inclure un vrai défaut d’un Etat européen et que la réunion cruciale de la semaine pour les banques européennes est celle des dirigeants de l’Eurogroupe.

 

SPAIN-FLAGL’Espagne, grande perdante

 

Au final, parmi les 8 banques qui ne passent pas le test, 5 sont espagnoles, 2 grecques et 1 autrichienne. A ce chiffre, il faut toutefois ajouter la banque allemande Helaba, qui s’est retirée du processus jeudi dans la journée, arguant de désaccords méthodologiques. Sans surprise, 4 caisses d’épargne espagnoles ont été recalées, Catalunya Caixa, Unnim, Caja Mediterraneo, Caja3, ainsi que la banque moyenne Banco Pastor. Les grecques Agricultural

Bank of Greece et EFG Eurobank, et la banque autrichienne Volksbanken ont aussi échoué.

 

Elles devront lever 2,5 milliards d’euros d’ici à la fin 2012. Le montant, qui paraît faible, même au regard du nombre de banques ayant échoué, s’explique par le fait que l’EBA a curieusement accepté que les banques espagnoles ne se recapitalisent pas. L’autorité a pris en compte la capacité des provisions génériques détenues par les banques espagnoles à absorber des pertes même si elles ne constituent pas des fonds propres durs.

 

L’exercice a été mené sur la base des comptes 2010, sur deux ans, mais inclut les recapitalisations faites entre janvier et avril 2011. Ce qui a permis aux banques de lever 50 milliards d’euros avant la publication des résultats. Sans la prise en compte de ces mesures, 20 banques auraient échoué et auraient dû lever plus de 26milliards d’euros. L’échantillon testé est resté sensiblement le même que l’an dernier, puisque 65% du total des actifs bancaires européens a été concerné.

 

 

ELSA CONESA

ET NICOLAS MADELAINE

 

Article tiré du journal « Les Echos » du 18/07/2011

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