Retraite : faut-il opter pour la rente viagère ?
Les actifs le savent, leurs pensions de retraite issues des régimes obligatoires seront le plus souvent insuffisantes pour couvrir leurs dépenses. Ils doivent donc se constituer un capital pour la retraite. Quand arrive le moment où le capital doit être converti en revenus, la rente est souvent jugée peu attractive. Pourtant, grâce à la mutualisation du risque de longévité, la rente permet de jouir d’un revenu viager (jusqu’à la fin de ses jours), avec un capital réduit.
D’autre part, l’issue de nombreux placements financiers se fait sous forme de rente viagère (PERP, Perco, contrats Madelin, contrats article 83…).
Un bon outil dont il faut cependant bien décrypter les contours afin d’en optimiser l’utilisation.
La rente viagère est un dispositif qui consiste à se déposséder d’un capital accumulé au cours de sa vie active et de le confier définitivement à un assureur. Ce dernier reverse le capital de façon fractionnée au crédirentier (personne qui perçoit la rente).
Ce mécanisme s’éteint au décès du crédirentier.
Cette rente, difficile à calculer, a mauvaise presse. Pourtant, elle constitue un moyen de bénéficier d’un complément de revenu jusqu’au décès, aussi tardif soit-il.
I) Une solution attractive…
La rente viagère est un outil simple sans souci de gestion, l’assureur s’occupe de verser l’argent à échéance fixe. Cela se révèle utile quand le crédirentier devient trop âgé pour gérer seul son patrimoine.
De plus, ce mécanisme est une bonne façon de se prémunir contre une mauvaise appréciation de sa longévité et de ses besoins financiers à venir. En effet, l’argent est versé à échéance régulière jusqu’au décès ; le capital ne risque donc pas d’être épuisé trop rapidement.
La rente est la garantie de percevoir à vie un revenu garantie et régulier.
II) …avec des handicaps majeurs…
Le capital composant la rente appartient à la compagnie d’assurance, de ce fait, si le crédirentier meurt avant d’avoir perçu tout son capital, l’excédent appartient à la compagnie.
La somme convertie ne sera donc jamais transmise aux héritiers. En choisissant cette option, le crédirentier lèse ses héritiers.
III) …et des options pour y pallier
La somme est donc hors succession mais les héritiers peuvent profiter de ce système si le crédirentier opte pour une rente à annuités garanties. Il s’agit d’une rente versée durant une durée déterminée à l’avance. Donc si le crédirentier décède avant cette date, les héritiers continueront à percevoir la rente jusqu’à l’échéance.
La rente peut également prévoir une majoration en cas de survenance d’une perte d’autonomie liée au grand âge.
D’autre part, pour les personnes qui n’ont pas forcément besoin d’aliéner leur capital pour maintenir leur niveau de vie, une solution consiste à mixer plusieurs solutions. En effet, l’épargnant peut partager ses avoirs : une partie reste sous forme de capital accessible n’importe quand (dans un contrat d’assurance vie par exemple) et une partie est convertie en rente viagère.
Enfin, la rente avec réversion permet de protéger son conjoint en cas de décès. Si le crédirentier décède le versement de la rente ne sera pas interrompu et bénéficiera au conjoint survivant.
IV) Des fiscalités différentes selon les rentes
Concernant la fiscalité de la rente viagère, elle varie selon la nature du produit financier qui a fait fructifier le capital.
a) Les rentes reçues à la sortie d’un Perco, contrat d’assurance-vie ou tout autre placement proposant en option la sortie en rente
La rente est taxée en fonction de l’âge du crédirentier :
-crédirentier de moins de 50 ans : taxation à 70%
-crédirentier entre 50 et 59 ans : taxation à 50%
-crédirentier entre 60 et 69 ans : taxation à 40%
-crédirentier de plus de 70 ans : taxation à 30%
A cela s’ajoute les prélèvements sociaux de 15,5%.
b) Les rentes issues d’un PERP, contrat Prefon, Madelin ou article 83
La rente est assujettie à l’impôt sur le revenu mais le contribuable bénéficie d’un abattement automatique de 10%.
A cela s’ajoute le paiement de la CSG et de la CRDS aux mêmes taux que ceux applicables aux pensions retraites (7,1%).
c) Les rentes provenant de la conversion d’un PEA ou d’un ancien PEP
Ces rentes sont défiscalisées mais le contribuable reste redevable des prélèvements sociaux de 15,5% (calculés sur une fraction de la rente).
Document exclusivement à titre indicatif
→ Si la rente viagère mérite d’être plus utilisée dans les stratégies de captation de revenus, surtout lorsque le patrimoine est limité, elle ne convient qu’à la partie des revenus strictement nécessaires pour couvrir les charges indispensables de la vie. Au- delà, l’utilisation de solutions permettant de conserver la disponibilité des capitaux est préférable : assurance-vie, immobilier locatif…